• Comprendre les avantages et les risques des grandes classes d’actifs en trading, pour mieux débuter

  • 03/10/2025

Les actions : l’actif favori des particuliers… mais non sans pièges

Bénéfices :

  • Accessibilité et diversité : Les actions sont facilement accessibles via la plupart des courtiers et offrent un immense choix d’entreprises, de secteurs, de marchés. Sur Euronext Paris, on trouve plus de 500 sociétés cotées (Euronext), contre plus de 6 000 sur le Nasdaq et le NYSE combinés (Statista, 2023).
  • Potentiel de rendement : Selon le Crédit Suisse Global Investment Returns Yearbook 2023, le rendement annualisé des actions mondiales est d’environ 6,7% après inflation sur le long terme (depuis 1900).
  • Accès à l’information : Les sociétés cotées sont soumises à des obligations strictes de publication, ce qui facilite l’analyse fondamentale.
  • Outils de gestion du risque : Possibilité d’opérer via des ordres stop, d’utiliser des options ou de diversifier facilement.

Risques pour le débutant :

  • Volatilité ponctuelle parfois sous-estimée : Le CAC 40 a connu des drawdowns de plus de 35% en moins d’un an (ex : crise COVID-19) – source : Boursorama.
  • Biais comportementaux : Effet de panique dans les corrections ou euphorie dans les hausses rapides, exposant au ‘trading émotionnel’ (Daniel Kahneman, “Thinking, Fast and Slow”).
  • Risque de concentration : Beaucoup de débutants surpondèrent des valeurs “favoris” ou des penny stocks séduisants, augmentant leur risque spécifique.
  • Influence de l’effet de levier : Avec les CFD ou le SRD, la perte peut dépasser la mise initiale en cas de marché défavorable.

Les obligations : sécurité relative mais univers complexe

Atouts majeurs :

  • Moindre volatilité : Sur les 20 dernières années, l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond a présenté une volatilité annuelle inférieure à 6%, contre plus de 15% pour les actions mondiales (Morningstar).
  • Visibilité sur les flux : Un coupon généralement fixe ou connu à l’avance et une échéance de remboursement prévue.
  • Effet 'filet de sécurité' : La plupart du temps, lors des phases de recul des actions, les obligations gouvernementales ou investment grade se maintiennent, voire montent (effet “fly to quality”).

Risques spécifiques pour un débutant :

  • Risque de taux : La hausse des taux entraîne une baisse du prix des obligations déjà émises – en 2022, l’indice US Aggregate a chuté de plus de 13% (Morningstar).
  • Risque de crédit : Les obligations à haut rendement (“high yield”) ou de pays émergents comportent un risque de défaut bien supérieur (cf. défauts sur obligations argentines ou libanaises ces dernières années – Fitch Ratings).
  • Complexité technique : Le calcul de duration, de convexité, l’analyse du spread ou de la prime de risque nécessite un apprentissage spécifique.

Matières premières : valoriser la volatilité ou la subir

Ce qui attire :

  • Décorrélation partielle : Les matières premières peuvent évoluer différemment des actions/obligations, surtout dans des périodes d’inflation ou de crise géopolitique. Par exemple, l’once d’or a progressé de 25% en 2020 pendant le choc COVID (World Gold Council).
  • Effet de levier naturel via les dérivés : Le trading sur futures ou CFD permet de miser sur un mouvement sans posséder physiquement le sous-jacent.
  • Outils de diversification : Intégrer une faible part de matières premières peut améliorer le ratio rendement/risque d’un portefeuille (étude CFA Institute, 2021).

Dangers sous-estimés par le débutant :

  • Volatilité extrême et gaps de cotation : Le pétrole a chuté sous zéro en avril 2020 sur le contrat WTI échéance mai ; certaines matières agricoles connaissent des mouvements quotidiens de ±5% (Bloomberg).
  • Effet de levier démultiplié : Les pertes sur appel de marge peuvent dépasser rapidement la mise initiale sur les dérivés.
  • Facteurs exogènes : Les chocs climatiques, interventions politiques et réglementations créent des mouvements non « rationnels » et difficiles à anticiper (voir le cas du blé ukrainien en 2022, Source : Reuters).
  • Problématique du rollover : Pour “rouler” une position sur futures à l’échéance, il existe un risque de perte sur le différentiel prix/contrats (effet “contango”/”backwardation”).

Le Forex : le mythe de l’enrichissement rapide… et une réalité bien différente

Atouts qui séduisent :

  • Marché liquide et accessible 24h/24 : Les volumes sur le Forex dépassent 7 500 milliards de dollars/jour (BIS Triennial Survey, 2022).
  • Coûts faibles : Les spreads sur les paires majeures sont très serrés, inférieurs à 0,1 pip sur l’EUR/USD chez les brokers sérieux.
  • Tradable dans toutes les conditions : Hausse, baisse, stabilité : toutes les configurations se prêtent à la recherche d’opportunités.

Risques majeurs, souvent mal compris :

  • Effet de levier massif : Réglementé à 30:1 en Europe sur les paires majeures, il accélère autant la perte que le gain. Selon l’AMF (2023), environ 77% des comptes particuliers sont perdants sur le Forex et CFD.
  • Volatilité imprévisible sur annonces : Un “non-farm payroll” ou une décision surprise de banque centrale peut provoquer des mouvements de 1,5% ou plus sur EUR/USD en moins d’une heure (Bloomberg).
  • Dépendance à l’analyse technique : Le Forex est très technique ; les fondamentaux macroéconomiques n’expliquent pas tout à court terme.
  • Risque de contrepartie : Les brokers non régulés, et certaines pratiques de “market making”, exposent à des défauts ou manipulations.

Les ETF : le couteau suisse des débutants, à manier avec discernement

Pourquoi ils séduisent :

  • Diversification simple : D’un seul instrument, on peut s’exposer à un vaste panier d’actions, d’obligations ou d’autres classes d’actifs. Au 30 juin 2023, plus de 8 700 ETF étaient disponibles dans le monde (ETFGI data).
  • Transparence et frais réduits : Les frais annuels moyens d’un ETF “core” sur actions Monde sont de l’ordre de 0,20% (source : BlackRock).
  • Éligibilité PEA/Assurance Vie en France : Pour certains ETF, intéressant fiscalement pour l’investisseur particulier.

Faiblesses à connaître :

  • Effet de mode et de surconfiance : Les ETF “pimentés” (leviers ×2/×3, thématiques) exposent à des pertes disproportionnées en cas de retournement rapide.
  • Tracking error : L’écart de performance par rapport à l’indice peut être notable, surtout sur les ETF exotiques ou ceux adossés à des produits dérivés.
  • Liquidité variable : Certains ETF de niche affichent un spread élevé et un carnet d’ordres peu profond, rendant les ordres de taille significative difficiles à exécuter sans “slippage” (Financial Times).
  • Comportement de masse : Rachat massif lors de chocs de marché, accentuant la volatilité sur les actifs sous-jacents (cas du “flash crash” d’août 2015, WSJ).

Cryptomonnaies : eldorado ou champ de mines pour le néophyte ?

Forces perçues :

  • Potentiel de rendement explosif : Bitcoin est passé de 3 800$ (mars 2020) à plus de 60 000$ (mars 2024), soit un facteur 15, même si la volatilité a été extrême (Source : CoinMarketCap).
  • Marché ouvert 24/7 : Peu d’interruption, ce qui permet d’agir en continu sans couper ses positions.
  • Innovation financière : Participation directe à l’écosystème DeFi, NFT, ou autres usages de la blockchain.

L’envers du décor :

  • Volatilité hors norme : Sur les deux dernières années, Bitcoin a connu des baisses de 70%, plusieurs altcoins ont chuté de plus de 90% (Glassnode).
  • Risque réglementaire et piratage : Changement brutal de réglementation (ex : Chine 2021), faillites de plateformes (FTX, Mt. Gox) ; vols et hacks courants.
  • Absence de valorisation “objective” : Il n’y a pas de flux de trésorerie, de dividende, ou de business sous-jacent directement lié à un prix. La plupart des valorisations demeurent spéculatives (BIS, 2023).
  • Biais de FOMO (“fear of missing out”) : Beaucoup de débutants achètent lors des pics, ôtant tout avantage statistique à leur opération (Chainalysis).

Facteurs transversaux : bien choisir ses actifs selon sa courbe d’apprentissage

La réalité de la performance à long terme montre que la plupart des débutants subissent la volatilité là où ils espéraient “matcher” le marché, voire faire mieux. Le rapport de l’ESMA (2023) indique qu’entre 70% et 80% des particuliers perdent de l’argent sur les dérivés ou sur les marchés FX, faute d’une gestion des risques rigoureuse.

Quelques repères pour aborder la diversité des actifs :

  • Progresser par l’observation : Commencer en mode « paper trading » (portefeuille fictif) ou avec de petites mises, avant d’augmenter très progressivement son engagement réel.
  • Se fixer des règles claires : Limiter le levier, diversifier, définir des critères de clôture et de taille de position avant chaque achat.
  • Choisir selon son rythme : Certains actifs nécessitent une présence quotidienne, d’autres se prêtent mieux à un pilotage hebdomadaire voire mensuel.
  • Continuer à se former : L’étude régulière de livres (notamment “A Random Walk Down Wall Street” de Burton Malkiel), de sources fiables (AMF, CFA Institute, BIS, Morningstar, World Gold Council, etc.), et l’analyse des erreurs passées restent les véritables leviers d’autonomisation.

Pour aller plus loin : apprendre à articuler profil, outils et actifs

Ce survol pragmatique montre combien la diversité des marchés est à la fois une force et un risque. Aucun actif ne présente de « solution miracle ». Au fil du temps et de l'expérience, le meilleur outil demeure une compréhension fine de ses propres réflexes, une capacité à adapter sa méthodologie et une habitude à questionner régulièrement ses choix. S’entraîner à reconnaître ses propres limites, rester curieux et s’assurer de la solidité des bases techniques et méthodologiques auxquels on se fie, voilà les maîtres mots pour continuer à progresser et éviter les écueils classiques des débuts.

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